Des femmes se sont engagées pour libérer la France ! Mais ont-elles pu ainsi libérer les femmes ?

Travail  mené par Zana Akbulut, Manon Chambard et Daniela Gutu.

Le 22 juin 1940, la France est partagé en deux zones.
Les Allemands contrôlent la zone nord, l’Alsace Moselle est annexée au IIIème Reich.
Au Sud, la zone dite libre est sous l’autorité française installée à Vichy. Ces deux zones sont séparées par une ligne de démarcation.

Le 10 juillet 1940, une très large majorité de parlementaires vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. L’État français remplace la IIIème république, Pétain devient le Chef de l’État.

Pétain veut redresser le Pays pour une « Révolution Nationale ». Le suffrage universel, les parties politiques et les syndicats (Association ayant pour objectif la défense d'intérêts communs) sont supprimés. Les libertés disparaissent et la censure est rétablie. Les opposants au régime sont pourchassés. C’est le début d’une dictature, la mise en place du régime de Vichy.

Parmi les opposants à ce régime, il y avait des hommes mais aussi des femmes dont nous entendons très peu parler. Les femmes sont les grandes oubliées de la lutte contre l'occupant nazi. Un manque de reconnaissance injustifié au regard de leur réelle implication.
Elles ont joué des rôles très importants au sein de la résistance.


En quoi l’engagement des femmes dans la résistance a-t-il marqué la société d’après-guerre ?


I. Qui sont ces femmes ?

1.L’engagement dans la résistance

Durant la période de l’occupation, de nombreuses femmes de toutes les classes sociales se sont engagées dans la Résistance.
Nous allons voir les différentes conceptions de la théorie de l’engagement :

  • Il s’agit d’un acte par lequel on s'engage à accomplir quelque chose, une promesse, une convention ou un contrat par lesquels on se lie.
  • Des sociologues expliquent que : « L’engagement est un lien qui unit l’individu à ses actes comportementaux». Plus ce lien est puissant, plus l’engagement est fort. Il a donné lieu à une théorie utilisée principalement en socio-psychologie, qui retient pour l’essentiel qu’un individu est engagé par ses actes, et non par ses images ou ses convictions. Les valeurs de l’individu s’expriment dans ses comportements sous formes de normes. Cet idéal oriente les pensées et les actes.

Les motivations qui incitent les femmes à intégrer la Résistance sont identiques à celles des hommes : refus de l’occupation, refus de l’armistice et donc de la défaite, refus des mesures antisémites, restrictives et répressives... Elles s’engagent de manières à porter leurs idéaux. Hommes et femmes s’enrôlent dans la résistance, portée par les mêmes valeurs, basées sur la liberté et le refus de l’injustice.
L’élan patriotique des femmes est identique à celui des hommes. Elles veulent se battre pour leur pays, pour les générations futures.

Contrairement aux hommes, les femmes entrent rarement en Résistance par conviction politique (n’oublions pas qu’elles sont exclues de la sphère politique, puisqu’elles ne sont encore ni éligibles, ni électrices). Cependant, leurs actions sont poussées en partie par les injustices prises à leur égard par le régime de Vichy. Celui-ci définit des règles très lourdes à leur encontre. Lorsqu’on s’engage on agit aussi pour rendre service à un proche, une personne que l’on aime, un voisin, un collègue…
Par ailleurs, il est important de rappeler ici que la Résistance est un mouvement évidemment illégal, donc clandestin, induisant de nombreux risques. Les femmes sont tout autant exposées que les hommes. Les motivations doivent donc être profondes, l’engagement ne se fait jamais à la légère.

Une chose est certaine: les femmes ont payé un lourd tribut pour leur volonté de lutte contre l’occupation. Beaucoup d’entre elles y ont laissé leur vie : Bertie Albrecht est retrouvée pendue le 31 mai 1943 dans sa cellule de la prison de Fresnes, probablement par suicide
pour éviter de parler sous la torture. Danielle Casanova meurt à Auschwitz le 9 mai de la même année. Et toutes ces anonymes, décédées en prison, fusillées, torturées ou mortes en déportation.

2.Les différents rôles

Durant la seconde guerre mondiale, les femmes participent à l'effort de guerre. Quand elles entrent en résistance elles sont jugées généralement «incapables» de se servir des armes, de combattre.
En effet, lors des combats du passé, seuls les hommes étaient impliqués et les femmes restaient à l’arrière.
De plus cet apriori est lié au phénomène de la socialisation genrée. On peut en effet observer que dès la naissance on différencie les rôles et comportements selon le genre de l’enfant. On apprend aux petites filles à agir comme des êtres fragiles qu’il faut protéger et aux petits garçons à être forts et à prendre sur eux. Ce processus de socialisation par genre permet en intériorisant les valeurs inculquées d’avoir un comportement adapté socialement. La socialisation passe par ce que l’on nomme des agents socialisateurs, des instances de socialisation, qui sont en premier lieu nos parents.
Puis petits à petit l’enfant rencontre la société par d’autres instances (nourrice, crèche, école, médias…) Ce processus de socialisation genrée aboutit à la construction de rôles féminins différents des rôles masculins.

Toutefois, les rôles des femmes sont complémentaires à ceux des hommes, par exemple dans la résistance, les femmes préparent des engins explosifs qui vont ensuite être utilisés par les hommes. Certaines résistantes occupent des postes d’agent de liaison, comme Évelyne Sullerot qui transportait des paquets remplis de grenades, car une fille de dix-sept ans, n’est pas suspectée.

Elles mènent aussi des missions à l’égal de celles des hommes comme du sabotage des lignes de chemins de fer ou encore elles aident à faire évader des prisonniers.

Prenons l’exemple de Lucie Aubrac, militante et membre du cercle des dirigeants de Libération-sud, elle s'adonne alors, entre ses cours, à de multiples activités clandestines : en juillet 1941, elle contribue à la parution du premier numéro du journal Libération, elle fabrique des faux papiers et aide des résistants à franchir la ligne de démarcation. Le 15 mars 1943, son mari, adjoint au général Delestraint, chef de l'Armée secrète est arrêté à Lyon par la police de Vichy et incarcéré à la prison Saint-Paul. Avec un aplomb incroyable, Lucie Aubrac fait pression sur le procureur de la République et parvient à le faire libérer.

Le 21 juin 1943, c'est l'arrestation de Jean Moulin et de plusieurs responsables de la Résistance, dont à nouveau Raymond Aubrac. Ils sont interrogés sous la torture par Klaus Barbie (officier SS). Lucie, enceinte, monte un coup de main audacieux. Le 21 octobre 1943, en plein jour, les armes à la main, à la tête d'un groupe des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) pour qui elle est « Catherine », elle mène l'attaque de la camionnette de la Gestapo dans laquelle sont transférés Raymond Aubrac et une dizaine d'autres résistants.

De plus, les femmes cachent, hébergent, nourrissent, approvisionnent les résistants, les juifs.
On retrouve ici un des rôles sociaux des femmes.

Lorsque le régime de Vichy édite ses premières lois antisémites, des familles se trouvent prises au piège de l’Europe en guerre et des politiques antisémites. Persécutés, pourchassés, arrêtés, internés en France, 76 000 juifs, dont 11 400 enfants, seront livrés aux autorités allemandes, puis déportés et assassinés.
Des œuvres de secours organisent des réseaux de sauvetage et tentent de soustraire les enfants à ces persécutions.

En effet, dans le département de l’Ain (01), des femmes pleines de courage ont mené des projets de cet ordre en accueillant des juifs, malheureusement certains d’entre eux ont eu une fin tragique.

En mai 1943, Sabine et Miron Zlatin, en lien avec l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE), installent une quinzaine d’enfants à Izieu, alors en zone d’occupation italienne, ce qui les met temporairement à l’abri des poursuites antisémites. Jusqu’en janvier 1944, date de la dernière liste du registre des présences tenu par Miron Zlatin, 105 enfants, juifs pour la plupart, ont séjourné à la colonie d’Izieu.
Celle-ci est souvent un lieu de passage dans un réseau de sauvetage plus vaste, composé d’autres maisons, de familles d’accueil ou de filières de passage en Suisse.
Le 6 avril 1944, 44 enfants et 7 adultes, tous juifs à l’exception d’un garçon, René-Michel Wucher, se trouvent à la colonie. Sur ordre de Klaus Barbie, des hommes de la Gestapo et des soldats de la Wehrmacht viennent arrêter ce matin-là les personnes présentes, pour les déporter par la suite.
Suite la rafle, Miron Zlatin et 2 adolescents sont fusillés à Reval (aujourd’hui Tallin) en Estonie.

En outre, toujours dans l’Ain, une femme, Rachel Revoy a accueilli une quarantaine d’enfants, pour la plupart israélites et les a cachés dans la « Pouponnière » de Nurieux. Ils ont pu être sauvés grâce à son immense courage. Contrairement à Izieu, il n’y a pas eu de dénonciation.

Ces enfants étaient âgés de 18 mois à 13 ans, ils ont été amenés ici grâce à un réseau protestant, principalement des Quakers de Marseille (société religieuse des Amis), qui mettaient des enfants à l’abri des nazis et des autorités de Vichy. Rachel a été aidée par deux infirmières des Diaconesses, de certains de ces voisins ainsi qu’un villageois pour labourer le grand jardin qui apporte les légumes. En 1944 les Allemands intensifient leurs opérations contre les maquisards et Rachel Revoy décide alors d’exfiltrer sa petite troupe. Un convoi de voitures prend alors la route de la Lozère. Il lui aura fallu énormément d’opiniâtreté, de courage et de complicité pour mener à bien son projet.

Cette histoire a été connu très tard, puisque en effet un homme, François Récamier intrigué par cette « Pouponnière », une grosse maison près des bois à l’écart du village a découvert plus d’un demi-siècle plus tard, la vérité incroyable de cette bâtisse. C’est l’occupante des lieux, qui lui a révélée en lui confiant une valise rempli de photos, cartes postales, courriers…

Les femmes furent aussi actives dans la préparation des parachutes et de l'équipement des ballons de barrage. Le parachutage avait pour but de livrer du matériel et des armes en zone occupée.
Et les ballons de barrages permettaient de se protéger contre les vols rasant d'avions ennemis.

Elles dirigent aussi des réseaux c’est le cas de Marie Madeleine Fourcade, qui prend la direction du réseau « Alliance ». Alliance est un réseau de la Résistance intérieure française pendant la deuxième guerre mondiale. Alliance était l'un des plus actifs réseaux de renseignement de la Résistance, avec la Confrérie Notre-Dame et, comptant jusqu'à 3 000 membres, le plus important des réseaux dépendants de l'Intelligence Service britannique (IS) sur le territoire français.

Un réseau est une organisation créée en vue d’un travail militaire précis, essentiellement le renseignement, accessoirement le sabotage, fréquemment l’évasion des prisonniers de guerre et de pilotes tombés chez l’ennemi. Il a ses services : une centrale (courrier, fonds et instructions), une agence (collecte des renseignements), les services de liaisons (aérienne, maritime) et de transmission (radio). Dans les réseaux, des femmes s’occupaient aussi de créer des faux papiers. En effet les réseaux comportaient beaucoup de femmes. Le Réseau du « musée de l’homme » remplissait ces fonctions, il est un des premiers réseaux clandestin de la résistance.
Des réunions clandestines avaient lieu afin de préparer toutes actions de ce genre !

Des femmes ont aussi lutté par l’art. Anna Marly, chanteuse d’origine Russe qui avait quitté la France en 1940 pour Londres, compose le chant des Partisans en 1941. Elle écrit la mélodie en s’inspirant d’un air populaire Russe pendant la guerre civile, les paroles en Russe. En 1943, Joseph Kessel et Maurice Druon qui viennent d’arriver à Londres s’emparent de la chanson d’Anna Marly en proposant les paroles françaises. Très vite, véhiculée par la BBC et de bouche à oreille, le titre devient le véritable hymne de la résistance. C’est un chant de combat, engagé, un appel intemporel à résister, mais aussi un hymne à la fraternité et à l’espoir.

Jacqueline Tamanini, 18 ans en 1940 adhère à une organisation nommée l'Union des jeunes filles de France. Elle regroupe des jeunes filles de toutes tendances.
Danielle Casanova est la présidente. Les jeunes filles parlent beaucoup de politique lors des réunions en expliquant les raisons de la mobilisation. Elles rapportent des médicaments provenant des pharmaciens, d'autres apportent du lait pour les enfants.
Le 1er Septembre 1939 lorsque la guerre est déclarée, elles se mettent à écrire des mots d'ordres (petite pancarte sur du carton, un papier blanc collé dessus et un mot d'ordre) qu'elles lancent sur les fils des poteaux électriques.
En 1942, lorsque son père est arrêté, les syndicats du bâtiment les envoient en Bretagne au Croisic, où ils louent un petit pavillon avec son frère et son petit ami qu'elle a rencontré lorsqu'elle distribuait des tracts. En réalité, ils sont là pour saboter les travaux du mur de l'Atlantique que construisent les Allemands en vue d'un débarquement. Ils ont aussi mis le feu aux cars qui transportent les ouvriers sur la base sous-marine de Saint-Nazaire pour les empêcher de partir. Des personnes sont enregistrées comme des travailleurs sur le chantier alors qu'ils sont dans la Résistance à Paris. Ils leurs fournissent de fausses cartes d'identités volées à la mairie du Croisic. En avril, Jacqueline est déportée en Allemagne à Ravensbrück (camp de femmes), avec 200 autres femmes. Une fois arrivées elles fabriquent des armes antichars, ce qui n'a jamais été terminé puisqu'il y avait beaucoup de sabotage, elles travaillaient sur le V2 (terrain préparé pour recevoir des bombardements stratégiques) qui devaient bombarder Londres, elles manipulaient de grands tuyaux qu'il fallait passer dans l'acide et mettre à cuire dans les fours. « Travailler c'est dur », dit-elle, mais ce qui est encore plus dur c’était de freiner la production au maximum pour ne pas en faire trop, et trouver un moyen de saboter la machine.

Madame Odile De Vasselot de Régné, a 18 ans en 1940. Elle est issue d’une famille de militaires qui à Metz, fréquentait les officiers supérieurs dont quelques-uns laisseront leur nom dans l’histoire : le colonel de Gaulle, le général Giraud, le général Delattre…
Elle commence par de petites actions tel que déchirer des affiches et dessiner des croix de Lorraine sur les murs avec des craies. Puis, trouvant cela vraiment trop insignifiant, elle devient agent de renseignements sous le nom de « Danielle ». Elle doit alors réaliser de nombreux voyages jusqu’à Toulouse chaque samedi dans le dos de ses parents. Odile faisait croire qu’elle devait fonder une bibliothèque à l’hôpital de Versailles.

Son rôle était de transporter un paquet avec des « renseignements » appelé courrier « descendant » (sans jamais savoir ce qu’il y avait dedans) jusqu’à ses « correspondants » à Toulouse. Elle allait dans un restaurant, demandait une certaine serveuse « Rolande », mettait le paquet sur la chaise à côté d’elle, puis quand Rolande venait la servir, elle emportait ce paquet de renseignements et elle rapportait à la place un autre paquet qui était le « courrier remontant » qu’il fallait emmener à Paris. Jusqu’au jour où cette serveuse se fit arrêter par les Allemands…
Elle entre par la suite dans un réseau d’évasion « Le réseau Comète », sous le nom de « Jeanne » pour servir de guide aux aviateurs alliés tombés en parachutes en zone occupée (après avoir été bombardés dans les airs). Elle explique qu’ils interrogeaient ces aviateurs anglais afin d’être sûr qu’il ne s’agissait pas d’espions Allemands. « Qu’avez-vous mangé avant de quitter le terrain ? », il fallait qu’ils répondent des carottes rappées. (Aliment donné aux aviateurs anglais à l’époque pour améliorer leur vue !)

Ces aviateurs étaient surnommées les « boys ». Il fallait les emmener chez des logeurs qui se trouvaient principalement à Bruxelles. Pour cela, ils voyageaient avec de faux papiers accompagnés de leur guide.
Elle raconte qu’une fois les Allemands avaient arrêtés deux aviateurs guidés par sa camarade. Ils savaient que deux autres aviateurs étaient dans le train dans lequel se trouvait Odile, leur guide. Les Allemands ont donc verrouillé le train et contrôlé les identités de chacun.

Malheureusement, les Allemands ont demandé aux deux hommes de décliner leur identité, mais ces derniers avaient pour consigne de faire les sourds et muets. Les Allemands ont tout de suite compris qu’il s’agissait des aviateurs recherchés… Ils allaient sans doute se demander qui les guidaient. Panique chez Jeanne, elle qui se trouvait juste à côté d’eux ! Mais heureusement, elle avait pensé juste avant qu’ils arrivent à faire disparaitre le reçu qui montrait qu’elle avait acheté 3 billets en même temps …… jeanne, plein de courage avait mangé le reçu pour ne pas laisser de traces en cas de fouille.
Lorsque les Allemands passent à côté d’elle, ils ne lui demandent rien ! Elle explique que les Allemands ne soupçonnaient pas les jeunes femmes. Pour eux, elles ne pouvaient pas être impliquées dans ce genre de mission. Passionnée par ces missions, Odile a continué cette activité jusque la Libération de Paris.

Les femmes avaient donc de nombreux rôles au sein de la Résistance. Il existait des missions très différentes les unes des autres comme nous venons de le voir.



II. Comment le statut des femmes a-t-il évolué

1.Avant l’occupation


Durant la première moitié du XXème siècle les femmes sont considérées comme des êtres faibles, inférieures, incapables de réflexion, de logique et de maturité. En effet dans la société française les femmes sont marginalisées, elles sont dépendantes de leur mari. Elles n'ont pas le droit de vote puisqu'elles ne sont ni électrices ni éligibles et n'ont aucun droit social. Le droit de vote a été refusé en 1903 par le parlement, en 1919 par le Sénat (bien que la chambre des députés soient en faveur de ce droit de vote féminin), et de nouveau refusé par le Sénat en 1922 (loi de Jules Guesde). Ces inégalités sont l'héritage des siècles précédents.

Les femmes s’occupent seulement des charges du foyer et de l’éducation des enfants. C’est le rôle qui est attendu de leur part, en tant que « Femme ».
La législation s’oppose également à leur liberté comme dans le « code Napoléon » ou les femmes mariées ne peuvent pas disposer de biens personnels sans l’autorisation de leur époux, ni voyager, ni exercer une profession sans l’accord de leur mari, considérées comme d'éternelles mineures. Elles ne peuvent pas non plus prendre de décisions concernant l’avenir de leurs enfants, l’éducation, la santé.

Cependant, elles sont traitées comme des majeures devant le tribunal, exactement comme les hommes alors que dans leur vie quotidienne, leurs droits s'apparentent à l'époque à ceux des mineurs puisqu'elles sont soumises à l'autorité des leurs pères, frères, maris...Louise Weiss (femme de lettres, féministe et femme politique française) a mené dans les années 1930 un combat pour que les femmes ne soit plus considérées comme mineures au regard de la loi.

Même si les femmes peuvent prétendre à faire des études, la majorité des étudiantes sont issues de familles assez riches, la plupart des femmes sont donc ouvrières, employées ou femme au foyer. Elles obtiennent toutefois un statut civil : le contrat de mariage, le droit au divorce (depuis 1908), le droit égal à l’héritage (qui se faisait souvent au détriment des filles).

En 1920, une loi est votée par l’Assemblée Nationale, interdisant l’avortement et la contraception, qui ne cessera d’être renforcée par la suite.


A la suite d'une campagne d'opinion qui s'est développée depuis 1931, le gouvernement Laval, décide en 1935 le licenciement des femmes fonctionnaires mariées à des fonctionnaires. Leur accès aux études supérieures est freiné, des concours de recrutement sont désormais réservés aux hommes: les conquêtes des femmes dans le domaine de l'instruction sont ainsi remises en question. Les organisations catholiques mènent alors une campagne tonitruante pour le retour des femmes mariées et des mères de familles au foyer.


Mais en 1936 le Front Populaire gagne des élections et permet aux femmes d’obtenir de nouveaux droits.
Le Front populaire est une « embellie » porteuse de congés payés, de mixité, de démocratisation des loisirs et de diminution du temps de travail. Les femmes y tiennent une place importante au sein du gouvernement, dans les grèves ouvrières, les occupations d’usines mais aussi sur la route des vacances et dans les auberges de jeunesse.
Pour la première fois, Léon Blum nomme des femmes sous-secrétaires d’État, alors même qu’elles n’ont pas acquis les droits de vote et d’éligibilité. Ces droits, le Front populaire ne les leur accordera pas.
De plus, les conventions collectives (texte réglementaire de droit du travail définissant chacun des statuts des employés d'une branche professionnelle) comme les accords salariaux entérinent les inégalités entre hommes et femmes, favorisant seulement les droits liés à la maternité et à la famille.
Louis-Pascal Jacquemond (historien) dresse un panorama vivant des femmes de toutes conditions sous le Front populaire. Il montre un bilan immédiat mitigé mais aussi, et surtout, l’apparition d’une nouvelle génération dont l’engagement se prolongera, quelques années plus tard, dans la Résistance.

L’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne en 1939 bouleverse la situation des femmes. Elles sont obligées de travailler à la place de leurs maris et certaines s’engagent dans la Résistance

 
2. Sous l’occupation et pendant la Résistance

Dès juin 1940, la France est vaincue, elle est sous l’emprise du régime de Vichy avec à sa tête le maréchal Pétain. Celui-ci, accentue la mise en place d’un régime autoritaire et répressif.
Les femmes ne sont pas épargnées, dès octobre 1940, des lois sévères sont installées. Celles qui sont mariées ne peuvent plus intégrer les administrations et les services publics, afin de les inciter à rester au foyer. La loi du 2 avril 1941, rend le divorce plus compliquée à obtenir, celle du 23 juillet 1942 condamne l’abandon de famille et celle du 23 décembre de la même année réprime l’adultère commis avec une femme de prisonnier.

La femme est un élément essentiel, un pilier de l’idéologie vichyste. Le projet de Pétain, la « Révolution Nationale » sous la devise « Travail, Famille, Patrie », est de créer une société où chacun à une place déterminée et ou les valeurs familiales et les structures traditionnelles basées sur le travail non intellectuel sont prépondérantes. Encadré par les institutions étatiques, l’individu n’a plus aucune liberté d’opinion et se doit de se fondre dans un ensemble hiérarchisé et immuable.
Vichy se base sur la différence et la complémentarité des sexes : à la femme la sphère domestique ; à l’homme le travail mais aussi l’autorité familiale. Il est le paterfamilias. Ceci s’appuie sur les lois mais aussi sur un renforcement de la socialisation genrée.

Les femmes, sont considérées comme le centre du foyer, dont elles doivent s’occuper avec soin. Cela sous-entend bien évidemment le devoir, essentiel, de maternité d’où une très sévère condamnation de l’avortement, il devient crime d’État. De 1942 à 1944, pas moins de 4000 femmes sont punies chaque année, pour la majorité des « faiseuses d’ange » (femmes qui agit volontairement dans la clandestinité de façon à interrompre la grossesse non voulue d’une autre femme par des pratiques assez dangereuses), dont Marie-Louise Giraud, seule femme guillotinée pendant la guerre, en 1943.

Pour le régime de Vichy, s’éloigner de ce qu’il conçoit comme l’ «  idéal féminin » revient à mettre en danger la patrie car celle-ci a un besoin absolu des futures générations pour réussir la « Révolution Nationale ». C'est à cette image de la femme que le maréchal Pétain prétend rendre hommage en faisant de la fête des mères une fête nationale.

Cependant des femmes en particulier sont contre ce régime qui les touchent fortement c’est pour cela que certaines s’engagent dans la résistance afin de se battre contre ces lois.

D’autres « acceptent » cette position d'êtres inférieures qui ont besoin de la protection du Maréchal et des hommes en général puisque la socialisation qu’elles ont reçu tout au long de leur vie les a éduquées de cette sorte.

Ces femmes qui s'engagent dans la Résistance transgressent donc les normes, changent alors de statut puisqu’elles sortent de leur foyer. Elles prennent des responsabilités, elles n'agissent pas juste en tant que mères et épouses mais aussi comme des individus libres et actifs dans la société.


3.Après la guerre

La fin de la guerre est déclarée le 8 mai 1945. L’ordonnance du 21 avril 1944 donne aux femmes de plus de 21 ans le droit de vote et rend ainsi le suffrage réellement universel.
Les femmes votent pour la première fois aux élections municipales d’avril mai 1945, sans doute pour faire oublier qu’elles se sont battues pendant plusieurs décennies pour obtenir le droit de vote, on le présente comme une récompense de leur engagement dans la résistance. C’est parce qu’elles ont elles aussi comme les hommes payer le prix du sang (battues pour libérer le pays), qu’elles sont enfin jugées dignes d’avoir le droit de voter c’est-à-dire de prendre part aux décisions concernant la société dans laquelle elles vivent.

Cette même année, les femmes sont admises dans les jurys d’assises. En 1945 le divorce est rétablit aux conditions de 1908 (Libéralisation du droit au divorce : il est autorisé, à la demande des deux époux, après 3 ans de séparation de corps). Une loi instituant le congé de maternité obligatoire et indemnisé à 50 % est mise en place. Le régime matrimonial (situation conjugale d'une personne au regard de la loi) de 1804 est réformé en 1965, les femmes peuvent désormais gérer leurs biens, ouvrir un compte en banque, exercer une profession sans l’autorisation de leur mari. En 1967 la Loi Neuwirth autorisant la contraception est instaurée. Mais la contraception ne sera remboursée qu’en 1974. La mère devient l’égale du père en matière d’autorité parentale, en 1970.

La Loi Veil autorisant l’IVG (interruption volontaire de grossesse) sous certaines conditions apparait en 1974. Puis en 1983, la Loi Roudy interdit toute discrimination professionnelle en raison du sexe.

Juste après la guerre les femmes sont très peu présentes (7 à 10 %) dans les comités locaux de libération (structure de la résistance intérieure française qui prend en charge les tâches de résistance), dans les conseils municipaux et départementaux nommés par les résistants en 1944. Toutefois, elles sont présentes dans ces différentes instances durant la période de la Libération et cette présence féminine a sans doute contribué à l’adoption de certaines lois telle la fermeture des maisons closes, la Loi qui permet aux femmes d’accéder à toutes les fonctions judiciaires.

Des femmes, et notamment des anciennes résistantes vont s’investir dans la vie associative notamment dans l’éducation permanente. Marie Hélène Lefaucheux, ancienne résistante, est élue députée sous l’étiquette MRP (Mouvement Républicain Populaire) et elle va représenter la France à l’ONU lorsque cet organisme se préoccupa de l’émancipation des femmes.

Evelyne Sullerot, ayant participé à la résistance au côté de son père, va fonder la « maternité heureuse » et être à l’origine du planning familial.





III. Les femmes  « figures oubliées » de la Résistance ?

1. Pourquoi les femmes sont-elles oubliées ?

La participation des femmes à la Résistance a été un phénomène longtemps occulté à l’exception de quelques figures élevées au rang d’héroïnes ou de martyres. Dans les mouvements et les réseaux de la résistance, les femmes occupent le plus souvent des positions qui correspondent au rôle traditionnel des femmes comme assurer la logistique (Ensemble des opérations ayant pour but de permettre aux armées de vivre, de se déplacer, de combattre et d’assurer les évacuations et le traitement médical du personnel), le ravitaillement et les liaisons de toutes sortes. Les études quantitatives fondées sur la reconnaissance officielle et les décorations après la guerre soulignent la sous-représentation féminine).

Bien que les femmes aient joué un rôle essentiel dans la Résistance française durant la Seconde Guerre Mondiale, elles ont souvent fait figures d’oubliées de l’histoire.
Probablement, la résistance féminine a du mal à émerger car elle n’est pas toujours identifiée.

Les femmes entrent dans la Résistance tout comme les hommes, dans les années 1940. Mais les résistantes se sont heurtées à de nombreux obstacles et notamment, des stéréotypes de genres. Selon ces idées, les femmes n’étaient pas considérées aptes à combattre à cause de leur physique. Il faut aussi tenir compte du mode de narration particulier de bien des femmes. Les hommes résistants ont dans une certaine mesure remplie ce qu'on considère comme leur "rôle" alors que les femmes résistantes ont dû transgresser les normes sociales en vigueur. Beaucoup de femmes ne voulaient pas témoigner.

Après la guerre, elles gardent donc souvent le silence. Comme l’a fait remarquer Lucie Aubrac, elles ne parlaient pas de ce qu’elles avaient vécu. Elles éprouvaient une espèce de réticence à relater les atrocités dont elles avaient été les spectatrices ou les victimes. Elles avaient subi toutes sortes d´humiliations. Comment auraient-elles pu raconter leurs épreuves, les tortures, la mort de leurs compagnons ? Qui sait d’ailleurs si elles auraient été écoutées ou crues ?
Lorsque nous demandons a des résistantes de parler de leur vécu durant la résistance, de leurs actions, de ce qu'elles ont pu subir, elles ont du mal à s'exprimer, à se souvenir exactement de ce qu'il s'est passé dans les moindres détails car pour elles ceci est un douloureux passage de leur vie qu'elles essayent parfois d'oublier, elles sont mal à l’aise lorsqu'elles en parlent on ressent leurs douleurs à travers leurs paroles les souffrances qu'elles ont pu endurer. Certaines décident de ne plus en parler, de ne plus faire remonter à la surface cette période de leur jeunesse ou elles ont pu perdre des êtres cher. Jacqueline TAMANINI, résistante interviewée lors d’une rencontre à la maison de retraite de Montreuil a subi la mort de son père, la déportation, l'emprisonnement, elle dit même ne plus pouvoir boire de soupe car les nazis ne la nourrissait que de cela, plus de 70 après, c'est toujours un traumatisme pour elle.

Une grande partie des femmes ne se sont pas déclarées comme résistantes et sont retournées dans leur foyer. La plupart d’entre elles ont repris le cours traditionnel d’une vie femme, d’épouse et de mère. On retrouve donc la socialisation genrée qui ressort.

Une occultation qui est imméritée dans l´historiographie sur le rôle des femmes dans la guerre. En lisant les sources diverses liées aux femmes et à la Résistance nous voyons que l’oubli des femmes dans l’historiographie de la Résistance méritait réparation.

Les femmes ont contribué à augmenter la masse de la résistance que l'écrivain Joseph Kessel nommait "l'armée des ombres". Sans elles, les actions de la Résistance n’auraient probablement pas pu être menées.
« Des femmes il y en avait beaucoup, beaucoup qui faisaient cela comme une source naturel d’aide et de solidarité, et il y en a beaucoup qui ont perdu leur vie avec ça, c’était des résistantes et c’est tout cet ensemble de résistants et de résistantes qui ont fait la résistance. » Témoignage Lise Ricol-London

En temps de guerre lorsque les hommes sont au front ou prisonniers on a tendance à oublier le rôle traditionnel des femmes pour leur confier des responsabilités qu’on leur reprend sitôt la paix revenue.

En ce qui concerne la Résistance féminine on peut parler de deux pôles, d’une résistance au quotidien qui passe inaperçu et d’une résistance axée sur le rôle réel qu’ont joué les femmes dans le combat clandestin au sein des mouvements et des réseaux. Toutes les tâches dans ces types de résistance pouvaient conduire à l’arrestation, à la torture, à la déportation et à la mort. L’histoire de cette période ne saurait pourtant s’écrire sans elles, héroïques au même titre que leurs homologues masculins.

Pendant plusieurs années, l´historiographie de la Résistance a essentiellement été militaire et écrite par des hommes. Ils ont du coup un peu oublié de parler des femmes !

Cependant, les hommes résistants disent tous que sans elles, "la moitié de notre travail eut été impossible". Ils trouvent très décevant le fait qu’elles n’aient pas étaient aussi reconnues qu’eux !


2.Très peu de femmes récompensées

L’action des femmes entre 1940 et 1945 est symbolisée lors du défilé du 18 juin 1945 à Paris où des femmes combattantes françaises et des pays alliés défilent. À la fin de la guerre, les femmes ne sont pas très appréciées et les chiffres suivants nous montrent qu’elles ont eu peu de reconnaissance. Très peu de femmes sont récompensées par des décorations, seules 6 femmes (dont 4 à titre posthume) sont reconnues compagnons de la Libération contre 1024 hommes.

Ces six femmes sont :

Berty Albrecht, co-fondatrice du mouvement Combat, morte à la prison de Fresnes en 1943
Laure Diebold, agent de liaison du réseau Mithridate et secrétaire de Jean Moulin, déportée
Marie Hackin, chargée de mission avec son mari, disparue en mer en février 1941
Marcelle Henry, du réseau d'évasion VIC, morte à son retour de déportation
Simone Michel-Lévy, de la résistance P.T.T., morte en déportation
Emilienne Moreau-Evrard, héroïne de la guerre 1914-18, agent du réseau Brutus

L’ordre de la Libération est un ordre français créé dans le but de récompenser les personnes ou les collectivités qui se sont signalées au cours de la Libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale. Deuxième ordre national français après celui de la Légion d'honneur, son admission ne fut accordée qu'à un nombre réduit de personnes, d'unités militaires et de communes pour des hauts-faits lors de la Libération.


Les femmes au panthéon :

Deux grandes femmes de la résistance sont entrées au Panthéon, il s’agit de Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle-Anthonioz.

La première femme grand-croix de la Légion d'honneur fut en 1997 la résistante Geneviève Anthonioz de Gaulle, à l'origine de la première loi sur la pauvreté en France et décédée en 2002. Elle fut suivie de sept femmes : les résistantes Germaine Tillion (décédée en 2008), Giberte Champion et Yvette Farnoux, l'académicienne Jacqueline de Romilly, la magistrate Simone Rozès, la générale Valérie André (première femme grand'croix à titre militaire) et l'égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt.

L’ordre national de la Légion d’honneur est l'institution qui, sous l'égide du grand chancelier et du grand maître, est chargée de décerner la plus haute décoration honorifique française. Elle a été instituée le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte. Elle récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation.



Conclusion

Traditionnellement la guerre est une affaire d’homme. Mais la seconde guerre Mondiale, le plus souvent pour le pire et plus rarement pour le meilleur, a bousculé l’ordre établi.
L’action des femmes dans la lutte contre l'ennemi reflète la place qui leur était accordée dans une société française encore marquée par une nette différenciation des rôles en fonction des sexes.
Moins nombreuses que les hommes, les femmes représentent un faible pourcentage des résistants mais celles qui se sont engagées ont été très actives.
Grace à cet engagement, le statut des femmes a pu évoluer avec des lois qui ont par la suite, été votées en leur faveur.

En 2001, Gilberte Brossolette (Épouse de Pierre Brossolette qui participa avec lui à la Résistance française pendant l'Occupation allemande) déclarait :

« C’est pendant l’occupation que les mentalités ont changées, et c’est dans la Résistance que les femmes ont gagné le droit de voter et d’être élues. Elles avaient montré leur courage, pris des risques fous, reçu les clandestins, assuré la transmission des messages... Il était impossible de leur dénier encore le droit de vote. Ce n’est pas de Gaulle qui leur a donné, ceux sont les femmes qui l’ont glorieusement gagné ».  (Propos recueillis par Annick Cojean, Le Monde, vendredi 9 mars 2001.)

Certaines femmes ont été reconnues pour avoir servi la République et défendu ses principes démocratiques et d’égalité ce qui était la principale motivation de leur engagement.
Les femmes sont considérées différemment après la guerre, elles ont désormais une autre image, se sont adaptées aux missions jusque-là réservées aux hommes et montreront de plus en plus leur envie d’indépendance.

L’engagement des femmes a donc marqué la société d’après-guerre puisqu’elles ont obtenu de nouveaux droits.
Ainsi, nous pouvons conclure que la Résistance a contribué largement à l’émancipation des femmes en France.

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